Jean-François Rocchi (Groupe Sofirem) « Notre plus-value, c'est le réseau »
En 2000, la filiale en charge de la ré-industrialisation des sites miniers du groupe Charbonnages de France a traité 508 dossiers permettant la création ou le maintien de 8 801 emplois, pour un investissement de 70,45 ME. Avec une demande de plus en plus forte de la part des sociétés de services et notamment des centres d'appels. Explications du P-dg de la Sofirem.
En 2000, combien de call centers votre groupe a-t-il aidé à s'installer ?
L'an dernier, cinq centres d'appels se sont
installés dans les régions dont nous gérons l'industrialisation. Ces cinq
dossiers représentent 600 emplois programmés. Ainsi, trois centres d'appels se
sont implantés en Lorraine, CERCLE-Yves Rocher à Freyming-Merlebach, Bosch et
K&P Télémarketing à Forbach (voir p. 26). Et deux dans le bassin du Dauphiné
dans le secteur de la Mûre (Teletech International, Alpha Tango). Une sixième
demande est, à l'heure actuelle, en cours de traitement.
Quels sont les montants de vos aides pour l'implantation de ce type d'activité ?
En ce qui concerne les aides que nous pouvons proposer, elles
restent plus modestes pour ce type d'installation que pour des activités
industrielles qui demandent de plus gros investissements. Dans le domaine des
call centers, les investisseurs doivent faire face à des frais concernant
l'agencement des locaux, mais aussi à des frais liés à la location
immobilière... En fait, ils ont plus besoin d'une aide leur permettant de
financer leur trésorerie. Par exemple, pour un centre d'appels générant la
création de 100 emplois, la Sofirem engagera 1 à 2 millions de francs de frais
participatifs.
Comment allez-vous procéder pour acquérir plus de références dans ce domaine d'activité ?
Nous allons procéder comme
nous le faisons ordinairement. Il y a, avant tout, un travail de prospection,
de recherche des dossiers. Nous commençons à avoir plusieurs correspondants en
région qui prospectent et font de l'approche directe via l'envoi de mailing.
Nous tenons également à être présents sur les manifestations professionnelles,
comme les salons. Nous ciblons et vantons les atouts des régions que nous
couvrons, notamment en matière de compétences linguistiques ou encore sur les
qualités des formations et des dispositifs mis en place à ce niveau. Enfin,
nous présentons les avantages pratiques dont nous pouvons disposer, comme la
disponibilité de bâtiments et les atouts techniques, tels que le haut débit qui
existe sur le bassin lorrain ou sur le site de Castres-Mazamet, par exemple.
Avez-vous constaté des spécificités concernant le traitement des dossiers call centers ?
Au départ, le dossier ne se différencie
pas nécessairement d'un autre. La méthode est toujours un petit peu la même, à
savoir : une prise de contact, une bonne compréhension des besoins de
l'investisseur, la phase d'instruction... Nous essayons de faire du sur mesure
ou du moins de s'adapter aux besoins de chacun. Nous pouvons apporter une
prestation de conseil sur le plan financier, mais celle-ci n'est pas très
développée car ce n'est pas notre coeur de métier. En revanche, s'il existe
une spécificité, elle a trait à notre réactivité et à notre rapidité (entre 2
et 3 mois, ndlr) qui nous ont permis d'avoir du succès auprès des acteurs de ce
marché. Le facteur temps compte énormément dans cette profession. Les
investisseurs sont pressés. Ils recherchent en priorité des bâtiments en blanc
disponibles immédiatement. Il y a donc tout un travail de détection, de mise à
disposition... Le tout, en effectuant une course contre la montre. Autre point
clef, la compréhension des besoins en matière de ressources humaines. Nous
proposons des zones d'implantation où la main-d'oeuvre est abondante,
disponible et susceptible d'être formée. Du reste, grâce à ces implantations,
nous avons pu approcher une nouvelle catégorie de main-d'oeuvre. Contrairement
à l'industrie, cette activité recrute beaucoup de femmes, ainsi que des
personnes qui n'ont pas de formation importante. C'est intéressant car cela
nous permet de toucher de nouveaux publics.
Quels sont vos engagements vis-à-vis des investisseurs ?
Nous n'avons pas
nécessairement l'engagement contractuel de leur fournir tout ce qu'ils veulent.
Il s'agit davantage d'un engagement de moyens. Nous sommes d'une certaine façon
des "arrangeurs". Nous ouvrons les portes et essayons de trouver les contacts,
de fournir la technique d'intervention, de trouver le bon lieu d'implantation.
Nous avons maintenant des contacts soutenus avec, par exemple, certaines ANPE
locales qui ont créé des modules de recherche et de formation spécifiques à
cette activité... Ce que nous apportons aux entreprises, c'est un réseau déjà
existant. C'est dans ce sens que nous avons une plus-value. Celle-ci ne se fait
pas uniquement sur le produit financier que nous proposons. Cela ne suffit pas
à faire la différence.
La Sofirem assure la reconversion des sites miniers
La Société financière pour favoriser l'industrialisation des régions minières (Sofirem), filiale du groupe Charbonnages de France (CdF), a été créée en 1967 sur une initiative conjointe de l'Etat et des CdF. Elle a pour mission de soutenir l'emploi dans les bassins d'activité du groupe CdF en "facilitant la création et le développement d'entreprises durables". En effet, l'ensemble des sites miniers dépendant de CdF (Lorraine, Nord-Pas-de-Calais, Centre Midi) devraient cesser leur activité d'extraction à l'horizon 2005. Les moyens de la filiale de CdF se caractérisent par des financements aux projets de ré-industrialisation des sites (participation en fonds propres ou prêts).