JD Edwards lâche Siebel et se paie son propre CRM
Le CRM confirme décidément sa force d'attraction auprès des éditeurs de
systèmes et solutions de communication pour les entreprises. Les projections
des divers cabinets d'analystes ne sont sans doute pas étrangères à leur
appétit. AMR Research prévoit, par exemple, une croissance annuelle de 29 % sur
les cinq prochaines années. Après les deux grands ERP que sont Oracle ou SAP,
c'est au tour de JD Edwards de s'attaquer de front au marché de la relation
client. Mais, contrairement aux deux précédents, l'éditeur américain, lui aussi
spécialisé dans l'ERP - et depuis plus de 20 ans - a préféré la croissance
externe au développement d'une offre appropriée. JD Edwards vient en effet
d'acheter 100 % du capital de Youcentric, société américaine positionnée dans
les solutions de CRM. Montant de l'acquisition : 86 millions de dollars. A
partir de là, l'ERP ne vise pas que le marché nord-américain. L'Europe
l'intéresse. Déjà présent dans la plupart des pays européens, JD Edwards a fait
de ses bureaux parisiens le siège social de son activité Europe du Sud. En
France, la société emploie 120 personnes, réalise un chiffre d'affaires de
278,8 millions de francs et revendique 350 clients aussi divers que Lafarge,
Hédiard, le PMU, la Réunion des Musées Nationaux ou Alcatel Réseaux
d'Entreprise.
Priorité à la vente directe
En
rachetant Youcentric, éditeur ayant développé aux Etats-Unis un joli
portefeuille clients (Fedex, Bank of America...), JD Edwards entend proposer
aux entreprises françaises du "mid market" (plus de 900 MF de CA, quand même)
une offre intégrée CRM-ERP-Supply Chain. Rapidement, dès la finalisation du
rachat en octobre-novembre, Youcentric sacrifiera sa marque sur l'autel de la
fusion. D'autant plus intéressant pour JD Edwards que Youcentric n'était
absolument pas présent, ni même commercialisé en France. « Nous allons nous
concentrer sur la vente directe et recruter une dizaine de consultants. Ce qui
ne nous empêche pas de travailler également avec notre réseau de revendeurs »,
explique Roselyne Zuber, responsable marketing France. Sur les objectifs
commerciaux de l'entreprise en matière de CRM, ses dirigeants n'avancent pas de
chiffre. Il faut dire que la croissance incontestable du marché n'est pas en
soi un sésame. A ce jour, ni Oracle ni SAP n'ont réussi à émerger. «
Contrairement à eux, nous avons acquis une offre déjà bien implantée aux
Etats-Unis et n'avons pas eu à développer un produit ex nihilo. D'autre part,
nous ne ciblons pas le marché des grands comptes, où Siebel est déjà très
présent. Enfin, sur ce marché très disputé du CRM mid market, nous avons un
grand atout : l'intégration », souligne Didier Faure, responsable de l'offre
produit de JD Edwards pour la France. Quant à la stratégie tarifaire, elle est
encore à l'étude. Ce qui est sûr, c'est que l'éditeur affichera un
positionnement « compétitif, voire attractif, moins cher que Siebel ». Siebel
qui, jusqu'au 16 août, était encore un partenaire privilégié de JD Edwards. «
Nous nous sommes rendu compte, depuis plusieurs mois, que l'offre de Siebel
n'était pas adaptée à notre cible », avance Didier Faure. A peine rendues
publiques les visées de JD Edwards sur Youcentric, le leader du CRM a dénoncé
le contrat passé avec son futur ex-partenaire. Aujourd'hui, les deux éditeurs
n'ont plus rien en commun. Si ce n'est une belle envie d'en découdre.