Il manquait un challenger sérieux à Siebel
Le géant américain des bases de données a, jusqu'à présent, connu un déficit d'image en matière de CRM. Il revendique aujourd'hui la deuxième position du marché derrière Siebel, comme l'explique le responsable marketing Oracle Decision pour la France.
Pourquoi Oracle n'est pas spontanément reconnu comme un acteur majeur du CRM ?
La première offre d'Oracle en matière de CRM n'est
sortie qu'il y a deux ans, avec la solution CRM 3i. Un certain nombre d'acteurs
avaient alors acquis une forte notoriété sur ce marché : Scopus (racheté depuis
par Siebel ; N.D.L.R.), Vantive et Clarify. Siebel enfin (qui réalise
aujourd'hui le plus gros chiffre d'affaires CRM au niveau mondial) a fait un
bon travail en préemptant la place de leader dans la conscience des acheteurs
potentiels.
N'y a-t-il pas d'autres raisons que conjoncturelles ?
Oracle a eu un démarrage assez lent sur ce marché, qui
s'explique en partie par la diversité de notre offre. Nous avons la chance et
la "malchance" de couvrir quasiment tous les domaines de l'informatique :
socles technologiques, applications, CRM, e-procurement et places de marché...
Les entreprises sont toujours un peu réticentes à donner quitus à une société
qui développe une offre très large.
Comment allez-vous chercher à vous imposer comme un acteur de référence ?
Il nous faut apporter
des preuves. C'est ce à quoi nous sous sommes attelés depuis deux ans. Nous
avons lancé en mai dernier Oracle 11i, notre release majeure. Aujourd'hui, nous
réalisons un chiffre d'affaires mondial CRM de 242 millions de dollars. Ce qui,
au regard du chiffre d'affaires global d'Oracle de plus de 10 milliards de
dollars, est une goutte d'eau, mais qui, au vu du chiffre d'affaires du leader
mondial, nous place en deuxième position et en challenger sérieux.
Et Oracle en France ?
Les analystes commencent à parler
d'Oracle comme d'un acteur important du marché. Une récente étude IDC nous
plaçait en deuxième position sur le marché européen. Nous venons de signer de
gros clients CRM en France, pour des contrats à plusieurs millions de francs.
Sur ces dossiers, nous sommes partenaires des plus grands noms du conseil et de
l'intégration comme Cap Gemini, Pricewaterhouse Coopers ou CSC. Je pense en
fait que le marché attendait un challenger sérieux à Siebel et que beaucoup
d'entreprises ont signé Siebel par défaut.
Qu'est-ce qui spécifie l'approche d'Oracle ?
Sur le marché des centres d'appels, Oracle
propose une offre simple à intégrer, qui technologiquement comprend tous les
composants liés à la téléphonie. Jusqu'à présent, pour monter un call center,
il fallait un ACD et un middleware de type Genesys, le gros travail étant alors
d'intégrer le middleware CTI avec le logiciel de CRM. L'offre Oracle contient
déjà le composant middleware, ce qui évite aux entreprises l'embarras d'avoir à
greffer une couche intermédiaire sur de l'Alcatel, du Siemens ou du Nortel.
Et par-delà la simplicité d'intégration ?
La vraie clé
du centre d'appels, c'est le Web collaboratif. La capacité d'une entreprise de
coupler son centre d'appels et son site sera déterminante. Au niveau
fonctionnel, nous ne parlons plus de centres d'appels, mais de centres
d'interaction. Ce qui induit le multicanal : téléphone, e-mail, Web. Nous avons
créé une application qui gère l'ensemble de ces médias. Nous allons bientôt
pouvoir mettre en oeuvre, d'ici la fin 2000, le Web collaboratif via la voix
sur IP. Nous avons passé dans ce sens il y a deux mois des accords avec Cisco.
C'est cette offre web qui nous donne une avance technologique sur la
concurrence des généralistes comme Siebel, qui n'ont pas une culture
multicanal. Et nous ferons aussi la différence par rapport aux concurrents de
niche. Derrière le call center, il y a du service, du field service, des
ventes. Comment connecter à l'ensemble de ces briques l'offre d'un fournisseur
qui ne ferait que du call center ? Les entreprises recherchent des approches
globales. En ce qui nous concerne, nous allons axer notre discours commercial
sur la globalité de notre offre en matière de CRM.
Comment s'organise votre action commerciale ?
Nous disposons d'une filiale
par pays. Aujourd'hui, Oracle France emploie 1 500 personnes. Et tous nos
vendeurs proposent l'offre CRM, soit 120 personnes sur le terrain. Nous avons
une force de vente dédiée pour les comptes supérieurs à 2 milliards de francs
de chiffre d'affaires, et une force de vente partenaire pour tous les contrats
inférieurs à 2 milliards.
Et dans cette dernière tranche, où s'arrête votre coeur de cible ?
Oracle ne cible pas les TPME. Le
plancher se situe autour des 500 MF de chiffre d'affaires.
Oracle Corporation
Avec un chiffre d'affaires de plus de 10,1 Md$, Oracle Corporation est le premier fournisseur mondial de logiciels pour la gestion de l'information et le numéro deux mondial du logiciel. Créée en 1977, la société a son siège social à Redwood Shores (Californie) et emploie 44 000 personnes dans 145 pays.