Générale des Eaux Direct la preuve par onze
Fin 1997, la Générale des Eaux (qui ne se rebaptisera Vivendi qu'en 1998)
amorce le chantier d'une politique rationalisée de relation clients, en
décidant de fédérer l'ensemble de ses entités de service à la clientèle sous
une nouvelle marque et un nouveau concept : Générale des Eaux Direct. A cette
époque, la relation client est gérée via une kyrielle d'agences (plusieurs
centaines) disséminées sur tout le territoire. Multiplicité des numéros de
téléphone, diversité des horaires d'ouverture, disproportions dans les
effectifs, qualité de service dramatiquement hétérogène (avec jusqu'à 20 %
d'appels qui n'aboutissent pas). Sans parler du poids des procédures et de la
lenteur des traitements. Quant à la mesure de la qualité de service, elle est
inexistante. L'âge de pierre de la relation client. Pour changer d'ère, la
Générale des Eaux va débourser 66 millions de francs en l'espace de 18 mois.
Courant 1999, la totalité des circonscriptions dispose d'un "centre de
service-client", soit 11 sites sur toute la France.
CONTRATS DE SOUS-TRAITANCE DE PLUS DE 10 ANS
66 millions de francs : est-ce
bien raisonnable pour une entreprise qui détient 50 % de parts de marché sur la
délégation des services d'eau auprès des communes (ou groupement de communes)
et dont les clients finaux sont, de toute façon, acculés à une situation de
monopole puisqu'une collectivité locale ne sous-traite la gestion de ce type de
service qu'auprès d'une entreprise et ce, pour un temps certain ? En fait,
c'est justement parce que les contrats entre les communes et des partenaires
comme Vivendi, la Lyonnaise des Eaux ou la Saur (filiale de Bouygues) sont en
général signés pour une période de douze ans (et pour des sommes colossales),
que ces dernières entreprises ne lésinent pas sur les moyens de grignoter des
parts de marché. Et en l'occurrence, Vivendi va se distinguer par la GRC. «
Nous sommes le premier et le seul distributeur d'eau à avoir intégré le centre
d'appels à l'échelle industrielle », avance Olivier Salvat, responsable de la
clientèle de Générale des Eaux Direct. Aujourd'hui, de fait, les centres de
service-client de Générale des Eaux Direct font figure de vitrine dans
l'argumentation commerciale du distributeur, qui organise d'incessantes visites
pour les responsables des communes à fidéliser ou à conquérir. Car si les
contrats passés avec les communes s'étalent sur plus de 10 ans, ceux passés
entre les élus et leurs administrés ne durent "que" six ans. Et, dans la joute
électorale, tous les motifs de satisfaction ou d'insatisfaction sont bons à
prendre. C'est pourquoi Vivendi Environnement, entité chapeautant l'activité
eau du groupe, n'hésite pas à mettre en avant les résultats des enquêtes de
satisfaction clients menées chaque mois auprès de panels (2 500 enquêtes par
an) : 89 % des clients jugeant utile Générale des Eaux Direct, 95 % approuvant
les horaires d'ouverture et 71 % la praticité du service (numéro unique,
disponibilité, simplification des démarches). Aujourd'hui, les centres de
service-client absorbent 90 à 95 % des contacts (y compris les 2 millions de
courriers annuels), le reste étant toujours pris en charge par un réseau
d'agences spécifiquement maintenu pour traiter les relations de proximité
(campagnes, personnes âgées) ou les cas les plus délicats (litiges,
réclamations). Parallèlement, le distributeur développe depuis l'été dernier un
site internet très orienté client, plein de conseils pratiques. D'ores et déjà
utilisable par les abonnés de quatre des onze régions, generale-des-eaux.com
devrait être finalisé à l'échelle nationale dès février ou mars 2001. Et
supporter prochainement la voix sur IP, actuellement en test sur la région
Centre-Est.