Externalisation ou ASP : quels risques pour quels enjeux ?
Face aux difficultés soulevées par l'évolution constante des nouvelles
technologies et à l'obsolescence des systèmes d'informations, les entreprises
recourent de plus en plus à des prestataires extérieurs, par la voie de
l'externalisation ou celle de l'ASP (Application Service Provider) pour la
gestion de tâches qui ne font pas partie de leur activité principale. Beaucoup
d'entreprises ont fait les frais de trop nombreux et trop lourds
investissements qui ont souvent consisté à acquérir des solutions gourmandes en
ressources humaines, financières et matérielles et dont le retour sur
investissement n'était pas toujours à la hauteur des perspectives escomptées.
De surcroît, les solutions mises en œuvre se dépréciaient dès la fin de leur
déploiement. Aujourd'hui, aussi bien l'externalisation que l'ASP - qui permet
d'accéder à distance à une application hébergée, gérée et maintenue chez un
prestataire - offrent aux entreprises la possibilité de bénéficier avec plus de
souplesse des nouveaux outils proposés sur le marché, tout en limitant leurs
investissements. Dans ces deux hypothèses, l'objectif est double : d'une part
il s'agit de maîtriser et donc de réduire les coûts, et d'autre part
l'entreprise peut se recentrer sur son corps de métier.
Sécuriser la relation contractuelle
Toutefois, si ces deux solutions
présentent de nombreux avantages, elles recèlent également quelques risques
qu'il convient de bien appréhender pour mieux les maîtriser. Il faut en effet
prendre conscience que ces deux formules contractuelles entraînent une certaine
dépréciation de la valeur interne de l'entreprise, notamment car elles
s'accompagnent d'une perte évidente de savoir-faire. Par ailleurs, selon
l'importance du recours à ces procédés, l'entreprise peut se retrouver
dépendante d'un prestataire informatique dont la survie peut conditionner la
santé financière et économique de l'entreprise qui a externalisé ou choisi la
voie de l'ASP. Enfin, confier la gestion d'une fonction interne à l'entreprise
à un tiers extérieur n'est pas sans risque quant à la sécurité et au respect de
la confidentialité des données qui y sont traitées. Ces deux formules
contractuelles restent avantageuses à une condition essentielle : celle de bien
sécuriser la relation contractuelle entre l'entreprise et le prestataire au
travers du contrat qui les lie. Il convient d'être particulièrement attentif à
la rédaction de ce contrat, car dans ces nouveaux domaines où tout repose sur
la liberté contractuelle, cet accord sera le document-clé fixant leurs
obligations respectives.
Etre vigilant sur trois points
Si de nombreuses clauses contractuelles doivent réclamer la
plus grande attention, il est fondamental d'être particulièrement vigilant
quant à trois points : la continuité du service, la convention de services
(Service Level Agreement), et la réversibilité en fin de contrat.La clause
relative à la continuité du service sera d'autant plus importante que les
informations traitées par le prestataire sont essentielles au bon
fonctionnement de l'entreprise. En effet, toute interruption dans la continuité
du service peut alors entraîner un préjudice financier considérable, car
l'arrêt du système d'informations de l'entreprise se traduira inévitablement
par une perte de chiffre d'affaires. Seule une bonne définition des obligations
relatives à la continuité du service permettra de définir des responsabilités à
la hauteur des prestations attendues, et du risque potentiel. La rédaction de
la convention de services est, pour la même raison, tout aussi fondamentale. Il
convient d'être extrêmement précis sur la nature des services attendus par
l'entreprise, sur leur niveau d'exigence et bien entendu sur la fiabilité et la
sécurité requises. Dans le cadre de l'ASP, il conviendra notamment d'encadrer
les conditions d'accès et d'utilisation de l'application, à savoir : le nombre
d'utilisateurs, les modalités d'authentification et de contrôle d'accès, la
disponibilité des applications, mais également la nature et la périodicité des
sauvegardes, le format et la durée d'archivage des données, la prise en charge
de l'infrastructure télécoms, ou encore la fourniture d'une hot-line. En
pratique, plus la définition des services attendus sera précise, plus leur mise
en œuvre sera facilitée, tant pour l'entreprise utilisatrice que pour le
prestataire. Enfin, il convient dès l'origine de bien maîtriser les
conséquences de la fin du contrat, en particulier en cas de sortie anticipée de
la relation contractuelle, afin d'organiser au mieux les conditions de reprise
par l'entreprise de la fonction externalisée ou gérée par l'intermédiaire d'un
ASP, c'est ce que l'on appelle couramment la clause de réversibilité. En
conclusion, il faut retenir que ces nouvelles formules contractuelles sont très
séduisantes, mais qu'elles impliquent de bien appréhender, pour mieux les
maîtriser, les difficultés éventuelles pouvant survenir lors de leur exécution.