Equipementiers : autopsie d'une débâcle
Les éditeurs de soft CRM ne sont pas seuls à subir les revers d'ambitions
et de spéculations mal maîtrisées. Face aux importantes difficultés financières
qui sont les leurs, les équipementiers télécoms, dans le monde entier,
procèdent à d'importantes restructurations. Des plans de licenciements massifs
sont notamment annoncés. 35 % des effectifs chez Nortel Networks, 34 % chez
Cisco, 31 % chez Lucent Technologies, 12 % chez Alcatel. Cette situation
interfère directement sur le marché global des centres d'appels dans la mesure
où les équipementiers constituent, d'après toutes les études, le premier
segment de cette activité en termes de génération de chiffre d'affaires. En
2000, le cabinet Cesmo estimait ainsi la part de l'équipement à 28,3 % du
chiffre d'affaires total de l'implémentation des centres d'appels en France et
à 13,3 % de l'activité générale du marché (implémentation et gestion).
Génération trop spontanée d'activités complémentaires
L'Idate, société d'études et de conseil spécialisée dans les technologies de
l'information et de la communication, a analysé les raisons de ce marasme.
L'industrie des équipementiers de télécoms paye en fait sa volonté, affichée
depuis plusieurs années, d'aller au devant des besoins du marché. De nombreux
équipementiers ont basé une partie de leur business model sur la création ex
nihilo de débouchés pour leurs produits. Par exemple, en créant de toutes
pièces des opérateurs de télécommunications. Ou en générant des marchés de
renouvellement technique, pour notamment abaisser, et de manière sensible, le
prix de la bande passante et permettre de proposer aux clients des services
hauts débits à moindre coût. Ce que les opérateurs "historiques" n'ont pas
permis. Contrôlant l'accès à l'abonné final, ils n'ont pas avancé au même
rythme en termes de baisse de prix et de développement des offres. Résultat :
en 2001, la bande passante longue distance disponible est surabondante par
rapport au besoin réel. Pour des prix qui ne cessent de chuter. Quel opérateur
est aujourd'hui prêt à investir dans un tel contexte ? Autre facteur de crise :
la spéculation boursière à laquelle les équipementiers télécoms n'ont pas
échappé en 1999 et 2000. Ces entreprises disposant de capitalisations
boursières considérables, les valorisations des sociétés acquises ont été,
elles aussi, énormes. Enfin, facteur aggravant, les équipementiers paient leur
généreuse participation au financement de leurs clients, notamment opérateurs.
"Le volume des comptes clients de certains équipementiers peut montrer
l'importance de la pratique de "vendor financing", méthode indirecte de
financement. Quand les opérateurs survivent, les équipementiers peuvent
récupérer leurs investissements, mais ce ne sera vraisemblablement pas le cas
de nombre d'opérateurs montés sur le segment de la transmission longue distance
notamment", précise l'Idate.