Envol vers la fidélisation
Comment s'organise le service client de Freesbee ?
Le centre de relation clientèle, en tant que plate-forme de contact avec les
prospects et les clients, regroupe deux activités majeures : le service client
et le support technique. Le premier, chargé du traitement des appels prospects
et clients, est ouvert six jours sur sept de 9 h à 20 h. Le second, accessible
sept jours sur sept de 8 h à 24 h, assiste les clients qui rencontrent des
difficultés de connexion ou d'utilisation. Deux équipes spécifiques animent ces
services. Mais j'ai tenu à ce qu'elles travaillent sur le même plateau. Il faut
que le courant passe entre ces équipes. Ce n'est pas forcément évident. Les
techniciens sont mieux payés que les commerciaux et peuvent considérer qu'ils
exercent un métier plus valorisant.
Combien de personnes cela représente-il en tout ?
24 téléconseillers techniques sur le
service d'assistance, 11 commerciaux sur le service client, 6 superviseurs
techniques, 2 superviseurs commerciaux. Ce qui, avec les postes fonctionnels
(formation, analyses, management) représente en tout une soixantaine de
personnes pour l'ensemble du centre de relation clientèle.
Quels sont vos objectifs en termes de qualité de service ?
Nous
travaillons surtout en réception d'appels. Avec un standard de qualité de
service de 5 % d'abandons, de 85 % d'appels traités en moins de 20 secondes et
une vitesse moyenne de décroché fixée entre 15 et 20 secondes. Mais le trafic
arrivant chez nous est directement lié à la montée en flèche des ventes de
micro-ordinateurs. Nous sommes principalement référencés en grande
distribution, notamment avec Géant Casino et Promodès. En septembre, il s'est
vendu en France 300 000 PC, dont une grande partie en grande distribution.
C'est dire que nous avons dû faire face à un flux important d'appels. Un trafic
également lié à la campagne de pub TV que nous avons diffusée, également en
septembre sur de nombreuses chaînes hertziennes et câblées. Certes, nous avons
sous-traité à Intra Call Center les appels générés par la campagne. Mais les
effets se sont vite fait ressentir sur le centre d'appels intégré de Freesbee.
Et pour ce qui est des objectifs de productivité ?
Sur
la hot line technique, la durée moyenne des appels est de 9-9,30 minutes. Sur
le service commercial, de 3,30 minutes. En fait, les techniciens traitent entre
40 et 50 appels quotidiens. Sur sept heures puisque nous sommes aux 35 heures.
Sur le service client, la productivité est moins lourde dans la mesure où nous
sommes légèrement surstaffés : environ 12 appels par heure. Sur le support
technique, le trafic est passé de début septembre à mi-octobre de 3 000 à 8 500
appels par semaine. Même croissance pour le service client où l'on est passé de
1 200 à 3 500 appels hebdomadaires.
Quel type de numéro utilisez-vous ?
Pour la campagne de pub, un Numéro Vert. Pour les
prospects et le service client, nous avons recours à un Numéro Indigo, le 0825
341 342. Pour le service d'assistance technique, nous diffusons deux numéros
correspondant chacun à l'un des deux modes de facturation que nous proposons.
C'est ici l'une des originalités et des valeurs ajoutées de notre offre. Les
clients ont le choix entre une formule entrée de gamme, Freesbee Access, avec
une facturation France Télécom classique. Ici, nous proposons un numéro d'accès
à l'assistance à 2,23 francs la minute. Ils peuvent aussi choisir la formule
Freesbee Plus, qui inclut des services à valeur ajoutée, mais avec une
facturation Freesbee. Le client doit alors nous communiquer ses références
bancaires. Nous proposons pour ce service un numéro de hot line technique qui
ne coûte que 1,95 franc la minute, et la minute utile. Le temps d'attente
n'étant pas facturé. Notre objectif est, bien sûr, de faire en sorte que les
clients Freesbee Access soient de plus en plus nombreux à glisser vers Freesbee
Plus.
Qu'en est-il des autres canaux de contact avec les clients et les prospects ?
Une société comme la nôtre est parmi les mieux
placées pour développer le Web call center. D'ici moins de six mois, je pense
que nous aurons intégré la voix sur IP et les supports "chat". Techniquement,
c'est possible avec l'infrastructure Lucent. En attendant, nous recevons de
plus en plus de mails sur le centre de relation clientèle. Environ 800 à 1 000
mails sur l'adresse du service d'assistance et 500 sur celle du service
commercial. Le mail étant davantage utilisé par nos clients que par nos
prospects. Nous nous engageons à répondre dans les 48 heures. Nous sommes en
train de mener une réflexion pour définir les canaux de réponse les mieux
appropriés selon les relances : transformation des clients Freesbee Access en
clients Freesbee Plus, fidélisation, welcome call, cocooning...
Ce qui signifie que vous allez développer la part des contacts en émission ?
Inévitablement. Après un lancement qui a dépassé nos objectifs,
nous allons devoir fidéliser la clientèle. J'ai d'ailleurs l'intention
d'externaliser le traitement de tous les appels prospects. Ce qui nous
permettra de concentrer tous nos efforts sur les clients. Nous comptons
également lancer fin 1999 une offre à destination des entreprises. Ce qui nous
obligera à élargir l'accessibilité du centre 24 heures sur 24 et, là encore, à
développer les actions de fidélisation.
Et qu'en est-il de la fidélisation de vos téléconseillers ?
Notre objectif est celui de
tout centre d'appels : savoir fabriquer des chemins de carrière en interne pour
le plus grand nombre. Sur nos 6 superviseurs techniques, 4 ont commencé comme
téléconseillers. Nous avons également opté d'emblée pour une grande cohésion
entre les différents niveaux de l'entreprise, et une bonne circulation des
informations. Ainsi, il n'y a pas de dichotomie entre l'ingénierie et le
service clientèle. C'est l'avantage d'un centre d'appels intégré.
Disposez-vous d'une base globale de connaissances ?
Oui. Mais je dirais même que nous avons mieux que ça. Nous avons intégré un
laboratoire, où l'on teste, essaie tout ce que l'on peut essayer en matière
d'informatique et d'accès Internet. Ce labo joue un rôle essentiel de pivot
entre le service clientèle et l'ingénierie. En fait, notre cercle vertueux se
définit de la sorte : lorsqu'un client appelle et qu'aucune réponse n'est
référencée dans la base de connaissances, le problème est transféré au labo,
qui est en quelque sorte notre deuxième niveau de traitement, non pas des
appels, mais des dossiers. La solution vient alors alimenter la base de
connaissances à laquelle les téléconseillers ont accès. Le laboratoire, qui
emploie six personnes, est en activité de 8 h à 24 h et travaillera bientôt 24
h sur 24.
Quelle est votre politique en matière d'incentive ?
Pour l'instant, je n'ai pas arrêté de règles d'intéressement
pour le personnel. Est-ce qu'il faut, pour une hot line technique, objectiver
sur la durée des appels ? Je n'en suis vraiment pas sûre. Il y a en en matière
d'incentive un principe à retenir avant de se lancer. Pour déterminer les
critères qui présideront à l'intéressement, il faut être capable de mesurer les
résultats de manière objective. Or, je sais d'expérience que cela est
extrêmement complexe. Lorsque j'aurai trouvé les outils probants pour la mesure
des résultats, je pourrai alors songer à mettre en œuvre une politique
d'intéressement. Pas avant. Mais je peux d'ores et déjà dire que s'il est un
critère intéressant, c'est bien le taux d'historisation des appels. Or, il est
très difficile de faire comprendre aux téléconseillers l'importance qu'il y a à
intégrer à la base de données le maximum d'informations sur les clients et les
prospects.
Rencontrez-vous des difficultés dans le recrutement de vos téléconseillers ?
Nous sommes en recrutement quasi permanent
depuis le lancement de la plate-forme. En juin, nous n'étions que 35.
Aujourd'hui 60. Et nous sommes en train de recruter 25 hot liners sur
l'assistance technique. Sur le service commercial, nous n'avons pas de
problème. Sur le service technique, c'est beaucoup plus délicat. Même s'il est
vrai que jusqu'à présent, nous avons bénéficié de facteurs favorables : notre
situation au cœur de Paris, rue Saint-Denis, l'attrait d'une jeune start-up, la
délocalisation de certains concurrents en province. Nos premiers conseillers
venaient pour beaucoup d'entre eux de la concurrence. Aujourd'hui, nous pouvons
nous permettre de prendre le temps de la formation initiale, de recruter des
conseillers juniors, à niveau Bac/Bac + 2. La moyenne d'âge avoisine les 23-24
ans.
Vous disiez que les techniciens étaient mieux payés que les commerciaux...
Un hot liner débute à 9 500 F brut mensuels, un
commercial à 8 000 F. Quant aux superviseurs, leur rémunération est supérieure
d'environ 40 % au salaire des téléconseillers. Ce qui n'est pas négligeable
quand on sait que dans les pratiques du télémarketing, ils gagnent souvent à
peine plus de 15 % que le personnel qu'ils encadrent. Pour ma part, je tiens à
donner à la supervision toute l'importance qui doit être la sienne.
L'équipement du centre
Le call center de Freesbee utilise un ACD Lucent Definity GR3 et s'est équipé des terminaux téléphoniques Call Master VI de Lucent (logiciel Centrevu Agent) : fonction clavier intégrée au logiciel de contact et donc, pour le téléconseiller, à l'écran. Le centre d'appels travaille également sur la base d'un logiciel écossais de contact et de workflow : GT-X, de Grahm Technology PLC. Freesbee envisage par ailleurs d'investir très bientôt dans un lien CTI (Lucent). L'ensemble du centre d'appels est équipé d'écrans plats 15 pouces Philips et Apple.
Freesbee
Freesbee est la marque commerciale de None Networks, start-up française indépendante spécialisée dans l'accès gratuit à Internet. Société au capital de 160 MF, None Networks se refuse à communiquer le nombre de ses abonnés, mais revendique la deuxième position sur le marché français en termes d'heures de connexion mensuelles par abonné (plus de 10 heures), derrière Club Internet et devant Wanadoo. 70 % de la clientèle Freesbee serait par ailleurs composée de nouveaux internautes.