En rachetant Convergys et LFC, Armatis devient le n° 6 du marché
«Je veux placer Armatis sur le terrain des trois-quatre principaux acteurs
du marché, avec un objectif de plusieurs dizaines de millions d'euros de
chiffre d'affaires d'ici cinq ans. » C'est ainsi que Denis Akriche justifiait,
en juin 2001, la cession du capital de Stefi Conseil au fonds de placement
Industrie et Finances et la naissance d'une nouvelle raison sociale, Armatis.
Aujourd'hui, l'entrepreneur confirme (ou presque) ses intentions, en se donnant
les moyens de prétendre à la 6e place du marché français de l'outsourcing. En
rachetant, le 1er août dernier, la filiale française de Convergys et, le 23
août, Le Fil Conducteur, Armatis peut afficher un chiffre d'affaires consolidé
de 42 millions d'euros. Le groupe emploie entre 1 200 et 1 500 personnes, dont
une centaine de cadres. Aucun plan de licenciement n'est prévu, affirme la
direction, ce, malgré le « léger sureffectif » des équipes de Convergys. Le
montant de ces acquisitions est tenu secret par l'acheteur. En ce qui concerne
Convergys, si la rumeur est unanime à parler d'une "bonne affaire" pour Armatis
- on évoque une transaction de 2 à 4 ME -, Denis Akriche reconnaît lui-même que
la cession s'est faite à des conditions « avantageuses ». On savait de longue
date que la société américaine souhaitait se séparer de ses activités
d'outsourcing en France. On savait également qu'elle ne souhaitait pas les voir
reprises par des entreprises susceptibles de lui faire de l'ombre au niveau
international. De fait, les leaders du marché français, SR Teleperformance,
SNT, Bertelsmann, n'étaient pas en lice. L'acheteur devait donc être issu de la
frange médiane du marché des outsourcers. Il ne s'agit pas seulement d'une
cession d'activité, mais bel et bien d'un rachat de société puisque Convergys
avait auparavant cédé à une société tierce son activité de facturation. Ne
restait donc plus que l'activité centre de contacts. En la cédant, la firme
américaine retire à l'acquéreur le droit d'utiliser la marque Convergys. En
même temps qu'elle devient filiale à 100 % d'Armatis, la société devient
Convercall. Avec Convercall, Armatis rachète un centre d'appels de 300
positions, installé à Montreuil et employant 650 personnes équivalent temps
plein. Convergys, qui avait recentré ses activités autour de sept clients,
aurait réalisé avec les centres de contacts un chiffre d'affaires de 22 ME.
Pour quel résultat ? L'activité était « déficitaire », se contente de concéder
Denis Akriche, qui prend la direction de cette nouvelle filiale, l'équipe
dirigeante de Convergys ne faisant pas partie du périmètre de cession. Le Fil
Conducteur (LFC), qui devient également filiale à 100 % d'Armatis, avait fait
depuis quatre ans l'objet d'approches de la part de nombreux acteurs du marché.
« Nous avons entamé les discussions avec Armatis en janvier 2002. Ce
rapprochement va nous permettre de bénéficier de la puissance de production
héritée de Convergys. Et, grâce au fonds d'investissement, nous allons pouvoir
réaliser beaucoup de choses », déclare Philippe Leblond, qui reste P-dg de LFC
et devient numéro deux du groupe Armatis.
Le groupe jouera la carte de la complémentarité
Créé en 1996, LFC a réalisé en 2001 un
chiffre d'affaires de 13 millions d'euros, pour une activité « parfaitement
rentable », selon son président. Avec deux plateaux à La Plaine-Saint-Denis et
à Paris 17e, l'outsourcer compte 350 postes de travail et emploie 300 personnes
ETP. Le patron du groupe met en avant la complémentarité des trois sociétés. En
termes de positionnement : Convercall est positionnée sur les très grosses
opérations, Armatis travaille plutôt en émission (beaucoup de vente et
d'études), LFC dispose d'une plate-forme de réception en mode multicampagne. En
termes d'équipement : Convercall travaille sur de l'Avaya, LFC sur de l'Aspect
et Armatis en Hermès Pro. Par- delà cette diversité, c'est Armatis qui sera
l'enseigne commerciale de l'ensemble. « Nous n'avons plus le droit d'utiliser
le nom de Convergys et je n'ai pas envie d'imposer au mar-ché la marque
Convercall », souligne Denis Akriche. Quant à l'enseigne Le Fil Conducteur,
elle continue d'exister, mais dans l'ombre commerciale du groupe. Pur hasard,
les trois sociétés n'ont pas de clients en commun. Sauf Orange, mais sur des
activités différentes, et exception faite du cas d'HP, client de LFC, et de
Compaq, client de Convercall, qui fusionnent. « Le portefeuille consolidé des
clients du groupe est impressionnant, dans sa diversité, dans sa couverture et
dans la nature des prestations apportées », souligne Denis Akriche. Armatis
est né il y a un peu plus d'un an pour acheter des sociétés, et son président
ne cache pas qu'il a mené depuis un an une stratégie d'approche directe auprès
des acteurs du marché. Aujourd'hui, il n'exclut pas de procéder à des
acquisitions de complément, tout en affirmant que « pour la France, nous avons
fait l'essentiel de nos emplettes. Le développement se fera plutôt sur
l'étranger. Nous sommes sur deux dossiers concernant deux sociétés en Europe à
15 ME de chiffre d'affaires. Il n'est pas impossible que nous annoncions des
acquisitions début 2003. »