Délégation de personnel : les précautions juridiques à prendre par l'insourceur
Afin d'éviter le risque d'une incrimination sur le fondement du prêt de
main d'œuvre illicite ou du délit de marchandage, le prestataire “insourcer”
doit s'entourer de précautions en termes de gestion de personnel, gage de la
sécurité juridique de l'opération, mais également de la qualité de la
prestation rendue et de son image de marque. En premier lieu, il doit afficher
une véritable politique des ressources humaines, mettant, notamment, en exergue
la formation de ses collaborateurs, l'encadrement dont ils bénéficient,
garantissant ainsi la plus-value de la prestation qu'il fournit et qui ne doit
pas être confondue avec une simple mise à disposition de personnel. En second
lieu surtout, il convient d'être extrêmement précis dans la rédaction du
contrat de prestation conclu avec le client, particulièrement dans la
détermination des obligations réciproques. L'objet du contrat devra donc
porter sur la réalité d'une prestation accomplie (par exemple : la gestion
d'un centre d'appels intégré) et sur les moyens mis en œuvre pour la réaliser
(par exemple : deux téléacteurs qualifiés réalisant leur travail sous le
contrôle et la responsabilité de l'insourcer). Le contrat devra également
préciser le volume de la prestation (par exemple, en termes de nombre d'appels)
et les conditions du reporting au client sur la façon dont se réalise la
mission. Concernant la facturation de la prestation, si les salaires et
charges des salariés affectés à la mission constituent une composante
essentielle du prix de revient, en revanche, le prix de vente affiché devra
s'écarter, autant que faire se peut, de la référence aux charges de personnel ;
un coût journalier ou mensuel sera préféré. Plus la mission sera longue, plus
le risque de délitement du lien de subordination s'aggrave. Il est alors
d'autant plus impératif que les salariés affectés à la mission rendent compte
régulièrement de leur activité à leur hiérarchie, participent à des actions de
formation et aux activités sociales et bénéficient des avantages sociaux en
vigueur chez l'insourcer. Enfin, plus la valeur ajoutée par la ressource
humaine sera importante, plus il sera utile de prévoir, dans le contrat
commercial, une clause de non débauchage du personnel par le client. Ainsi,
s'accomplit un cercle vertueux, prenant son origine dans la politique de
gestion des ressources humaines et de développement des compétences, au service
de collaborateurs motivés et qualifiés qui vont accomplir une prestation de
qualité à la grande satisfaction des clients, alors que parallèlement, sera
éradiqué le risque d'être poursuivi pour délit de marchandage ou de prêt de
main d'œuvre illicite.