Choquant !
Le secteur des centres d'appels avait-il besoin de cela ? Alors que
nombreux sont ceux qui militent, avec raison, pour la reconnaissance de ce
métier, aussi bien aux yeux du grand public, des médias que des entreprises, ce
que l'on pourrait, presque, appeler "l'affaire Danone" n'arrive pas vraiment à
point nommé (voir en page 6). On sait que, quel que soit le secteur, la
pression sur les prix fait partie du jeu. Que, souvent et malheureusement, il
s'agit d'un critère de choix non négligeable d'un prestataire. On connaît
aussi, et de plus en plus, la pression des services achats qui, après s'être
occupé des matières premières, des sous-traitants, des fournitures et autres
postes de coûts ont vu leurs prérogatives s'élargir à des prestations plus
intellectuelles, qu'il s'agisse des études de marché, de la communication... On
connaît, bien sûr, le principe de l'appel d'offres et ses contraintes. Mais
l'on reste quand même interloqué face au comportement du géant de
l'agro-alimentaire lorsqu'il s'est agi de choisir son prestataire centre
d'appels - on n'ose parler de partenaire - pour la gestion de deux de ses
opérations promotionnelles. Pratiquer, et avec une telle exigence de
prestations et de délais, une enchère à la baisse, telle qu'elle a été mise en
place, fait montre d'un mépris évident. Non seulement pour les sociétés
présélectionnées, mais finalement pour l'ensemble de l'activité même des
centres d'appels. Ce qui est d'autant plus étonnant que le groupe Danone semble
accorder une importance certaine à la relation client. Ses scores dans le CAQ
40 témoignent d'ail-leurs, en général, de la bonne qualité de service mise en
place. Il n'est pas question ici de jeter la pierre à la société qui a
"remporté" - faute de combattants ? - cet appel d'offres. On ose espérer
qu'elle a de bonnes raisons pour s'être soumise ainsi aux fourches caudines de
celui qui est désormais son client. Mais plutôt de stigmatiser une démarche qui
ne prend en compte que le moins disant. Qui n'accorde que peu, ou pas,
d'importance à la prestation humaine recherchée. En espérant, surtout, que
cette "affaire" reste un cas isolé. Car c'est une profession entière qui
pâtirait de voir se développer ce type de pratique. Mais peut-être faut-il
s'appeler Danone pour y penser ?