Capacite relationnelle et puissance commerciale
Quelle est la finalité du call center d'American Express Bank France ?
Le centre d'appels a vocation à répondre aux demandes
émises par les clients autour de nos différentes offres. En 1997, nous avons
mis en place un triptyque de "centrales", c'est-à-dire une offre produit
complète sur trois marchés distincts. Ces centrales s'appellent Réponse
Expresse Immobilier, Réponse Expresse Assurance Vie, Réponse Expresse
Placements. Le centre d'appels a été créé pour assurer la distribution de nos
produits, portés en télévision et dans d'autres médias par une importante
campagne de publicité. Fin 1998, dans un objectif de stratégie européenne,
American Express Bank a lancé sur quatre pays d'Europe, dont la France, un
nouveau fonds profilé, World Express Fonds. La plate-forme téléphonique est là
pour répondre aux appels de la clientèle et pour vendre les produits et
services que recouvre l'ensemble de cette offre.
Vous travaillez en émission comme en réception ?
La plate forme est ouverte de 9 h à
19 h, du lundi au vendredi. Elle emploie, toutes activités confondues, trente
téléconseillers. Nous recevons environ 17 000 appels par mois et en émettons 35
000 par an. Pour l'appelant, le temps d'attente moyen avant décroché est de 17
secondes. La durée de traitement des appels est elle de 3,25 minutes. Dès lors
que l'on entre dans des contrats financiers, cette moyenne passe à 7-8 minutes.
En émission, la moyenne est de sept contacts argumentés à l'heure, cinq heures
par jour et dix mois sur douze.
Entre le service et la vente, quels sont les axes privilégiés ?
L'objectif du centre d'appels
est double. Il doit combiner le conseil et le commercial. Je considère qu'un
conseil parfaitement dispensé, qui respecte l'ensemble des codes et des
processus créés pour répondre le mieux possible aux attentes d'un client, est
un échec s'il n'aboutit pas à ce pour quoi il a été prescrit, c'est-à-dire une
vente. Mais il ne s'agit pas de vendre pour vendre, de faire du commercial à
tout venant. Toute vente doit être sollicitée par le client, en parfaite
connaissance de cause, comme la concrétisation logique d'une demande
correctement satisfaite. D'ailleurs, en matière d'émission d'appels, nous nous
refusons à faire de la prospection pure ; nous n'appelons jamais un client qui
n'aurait pas été contacté auparavant par mailing ou ne nous aurait pas
sollicité d'une manière ou d'une autre, par renvoi de coupon ou par un coup de
fil sur la plate-forme.
Quels sont vos objectifs commerciaux ?
Je peux parler des résultats : en un an et demi, nous avons
multiplié par cinq la capacité commerciale. Nous comptons aujourd'hui 35 000
clients et visons les 100 000 pour la fin 2000. Le centre d'appels constitue un
vecteur capital de ce développement. 1999 sera pour nous une année
d'acquisition de marchés et de clients. Tant au plan français qu'au niveau
européen. American Express Bank France fait à cet égard office de laboratoire
pour les autres pays.
A quel titre ?
Nous avons mis
en place une approche originale en matière de service apporté à la clientèle.
Je pars du principe qu'il est toujours très mauvais de ne pas permettre au
client une relation personnalisée avec le centre d'appels. A fortiori pour un
établissement comme le nôtre, spécialisé dans des produits financiers très
impliquants. Mais il faut être pragmatique : il est impossible de communiquer à
chacun des clients le nom d'un conseiller qui serait et resterait son unique
interlocuteur. Nous avons donc opté pour une solution médiane. A chaque client
est dédié un pool invariable de trois conseillers, équipe qu'il peut contacter
en composant un numéro spécifique. Sur cette base, le client est ensuite libre
de s'adresser plus spécifiquement à l'un ou l'autre au sein de cette équipe. Le
centre d'appels est ainsi composé de trinômes, eux-mêmes constitués de deux
conseillers et d'un animateur d'équipe.
Comment s'organise le traitement des appels sur la plate-forme ?
Les téléconseillers
sont spécialisés par secteurs d'activité : certains travaillent plus
spécifiquement sur l'immobilier, d'autres sur l'épargne ou le conseil en
gestion de patrimoine. Ils sont soumis à une formation très pointue. Formation
produit d'abord : lorsqu'il faut maîtriser une offre de 200 formules
différentes en matière de crédit immobilier, un bon millier de Sicav et
quatorze contrats d'assurance vie, la formation constitue l'un des éléments
stratégiques de l'optimisation du service. Nous avons de ce fait créé un
service formation intégré au centre d'appels. Les nouveaux arrivants sur le
call center suivent une formation initiale d'un mois durant laquelle il leur
est strictement interdit de toucher au téléphone, sauf consigne de leur
parrain. Chacun est ensuite placé dans un cursus de formation régulière aux
produits et au relationnel. Quels sont les impacts directement imputables à ces
séances répétées de formation ?
Nous avons opté pour une
politique soutenue de formation pour éviter que les effets d'une certaine
routine n'altèrent la productivité commerciale de la plate-forme. Or la routine
est inévitable si l'on ne relance pas sans cesse la machine. Toutes les cinq
semaines, les conseillers sont placés une semaine durant en émission d'appels.
Une session en production réelle cinq heures par jour, durant lesquelles la
personne est placée sous la responsabilité d'un coach. Celui-ci va procéder aux
écoutes, aux enregistrements, au débriefing. Placer les conseillers en sessions
actives d'émission d'appels, c'est raviver à chaque fois leur capacité
relationnelle et leur puissance commerciale. Un conseiller dès lors qu'il est
cantonné à la réception d'appels, a très vite tendance à allonger les temps de
conversation, pour la simple raison qu'il se laisse naturellement gagner par
une certaine passivité, une assurance excessive et qu'il entre systématiquement
dans un processus de sur-argumentation avec le client. Instiller des séances
régulières d'émission d'appels, c'est réapprendre à vendre, à aller à
l'essentiel avec le client. Le client a le droit de dire non. Nous nous devons
de respecter ce droit absolu. Quand il dit non, nous n'avons pas le droit de le
noyer dans un discours bavard. Nous faisons trois constats. Le premier : en
émission, le temps moyen d'appel est sensiblement raccourci en fin de session.
Le deuxième : lorsque le conseiller, après une semaine d'émission, revient en
réception, il fait preuve d'une capacité commerciale largement renforcée.
Troisièmement : après quatre semaines d'appels entrants, cette capacité
s'émousse inévitablement. D'où l'intérêt de ces sessions régulières
d'émission.
Nous avons opté pour une
politique soutenue de formation pour éviter que les effets d'une certaine
routine n'altèrent la productivité commerciale de la plate-forme. Or la routine
est inévitable si l'on ne relance pas sans cesse la machine. Toutes les cinq
semaines, les conseillers sont placés une semaine durant en émission d'appels.
Une session en production réelle cinq heures par jour, durant lesquelles la
personne est placée sous la responsabilité d'un coach. Celui-ci va procéder aux
écoutes, aux enregistrements, au débriefing. Placer les conseillers en sessions
actives d'émission d'appels, c'est raviver à chaque fois leur capacité
relationnelle et leur puissance commerciale. Un conseiller dès lors qu'il est
cantonné à la réception d'appels, a très vite tendance à allonger les temps de
conversation, pour la simple raison qu'il se laisse naturellement gagner par
une certaine passivité, une assurance excessive et qu'il entre systématiquement
dans un processus de sur-argumentation avec le client. Instiller des séances
régulières d'émission d'appels, c'est réapprendre à vendre, à aller à
l'essentiel avec le client. Le client a le droit de dire non. Nous nous devons
de respecter ce droit absolu. Quand il dit non, nous n'avons pas le droit de le
noyer dans un discours bavard. Nous faisons trois constats. Le premier : en
émission, le temps moyen d'appel est sensiblement raccourci en fin de session.
Le deuxième : lorsque le conseiller, après une semaine d'émission, revient en
réception, il fait preuve d'une capacité commerciale largement renforcée.
Troisièmement : après quatre semaines d'appels entrants, cette capacité
s'émousse inévitablement. D'où l'intérêt de ces sessions régulières
d'émission.
Les conseillers sont-ils soumis à des critères précis de productivité ?
Il existe chez American Express Bank une forte
culture de la mesure et une forte pratique des statistiques. Nous avons mis au
point des indicateurs précis. Chaque conseiller est "disséqué" en quarante
points, critères internes tant qualitatifs que quantitatifs. Par ailleurs, le
responsable formation soumet les conseillers, tous les mois, à trois appels
mystères. En fin de mois, le travail de chacun fait l'objet d'un bilan et d'un
plan d'action avec date d'échéance et liste de points à améliorer, pas plus de
quatre points par mois. Nous avons institué une politique d'intéressement pour
le personnel, mais le variable ne peut en aucun cas dépasser 10 % de la partie
fixe du salaire annuel. Nous voulons certes travailler avec des commerciaux,
mais avant tout avec des commerciaux qui conseillent. La qualité de service
demeure l'objectif majeur de ce centre d'appels. Celui-ci est certifié Iso
9002, fait l'objet de baromètres deux fois par an, et a obtenu le Téléphone
d'or de la Performance de Téléperformance en 1998.
Quels sont les critères majeurs d'évaluation des téléconseillers ?
Quelques
exemples. Chaque conseiller doit obtenir une note minimale après être passé au
crible des appels mystères. Il est également prescrit de traiter 90 % des
réclamations en moins de quatre jours. Nous exigeons également que la moindre
prestation, en matière de conseil ou de vente, soit conditionnée à ce que nous
appelons la "découverte client", c'est-à-dire la connaissance de son
environnement familial et patrimonial, de ses habitudes de consommation, de ses
relations avec des établissements concurrents. Cette connaissance est la
condition sine qua non à l'engagement de toute démarche commerciale par le
conseiller. De manière plus synthétique, je dirais que chaque téléconseiller
sur le plateau d'American Express Bank doit maîtriser quatre dimensions pour
être opérationnel selon nos critères : la vente, les marchés, les différents
vecteurs de la communication avec le client, le service après-vente.
Avec un cadre d'exploitation si précisément défini, reste-t-il une marge de manoeuvre aux téléconseillers ?
La dimension la plus
enrichissante sur la plate-forme réside dans la diversité des profils : des
filles et des garçons d'origine sociale, culturelle, nationale, religieuse
variée. Instaurer des critères de productivité ne signifie pas brider la
liberté de pensée et d'initiative des collaborateurs. En matière de gestion de
centres d'appels, il existe deux positions de principe : soit on opte pour un
management par l'"humain" en donnant à chacun une très grande autonomie, soit
on veut être donneur d'ordre, respecter une tradition hiérarchique de manière
inconditionnelle quitte à faire dans la désinformation.