Bientôt un outil unique pour la relation client ?
«Nous constatons que les sites destinés au commerce électronique ne
marchent pas bien. Pourquoi ces échecs ? » s'interroge Jean Taboureau,
vice-président d'Easyphone. D'après lui, « ce qui manque, c'est la possibilité
d'obtenir une assistance en ligne. L'internaute a besoin d'une assistance en
chair et en os, pas seulement d'une "Foire aux questions", un jeu de questions
et réponses préfabriquées fourni par le concepteur de la page. Le consommateur
a besoin de l'assistance en temps réel, à peu près au même moment que dans
d'autres types de transaction - lors de la réservation ou pour connaître les
modalités de la facturation. En général, il a besoin d'être assisté pour les
deux ou trois premières transactions seulement. Mais en l'absence de cette
assistance le taux de pertes en ligne va continuer d'augmenter. » D'où la
conclusion que l'on ne peut pas envisager le développement du commerce
électronique sans y adjoindre la voix. Il faut relier le centre d'appels au
Web. La parade selon Jean Taboureau, c'est le bouton "rappel" intégré dans les
pages Internet. Easyphone est en train de mettre en place plusieurs projets de
ce type. A la Banco Santander en Espagne, par exemple, le Web viendra en
complément du SVI, avec l'objectif d'automatiser le fonctionnement et de
soulager la charge de travail des agents. L'intégration de la fonction "rappel"
à partir de l'Internet dans les centres d'appels n'est pas très complexe. Le
problème, c'est que le particulier dispose habituellement d'une seule ligne
téléphonique classique. Forcement, au moment du rappel, il est déjà déconnecté
du site. Pour avoir une collaboration simultanée, il faut alors l'appeler sur
son téléphone portable, ce qui fait grimper les coûts. A l'avenir, on espère
beaucoup de la mise en place des nouvelles technologies de communication, comme
la transmission téléphonique ADSL qui permettra enfin une conversation
simultanée et une connexion collaborative en multiplexage. Jean Taboureau met
aussi en garde contre la tendance au développement parallèle : « Les cabinets
de conseil comme Gartner considèrent que l'on ne doit plus envisager une
croissance isolée du commerce électronique. Au contraire, ce sont des solutions
pragmatiques de coexistence des canaux qui domineront. Or, sur le plan
technique nous constatons aujourd'hui le développement de deux types d'offres
pas synchrones. D'un côté, il y a des outils de la gestion de la relation
client, des applications conçues pour le personnel de l'entreprise. D'un autre
côté, sur le Web, il existe une demande des renseignements, des transactions,
etc. La même chose en fait, mais tournée vers l'internaute. Mais les deux sont
désynchronisés et les applications sont développées dans des axes non
coordonnés. » Il devient urgent de développer des applications uniques qui
fonctionneront en miroir, tournées vers l'intérieur et vers l'extérieur de
l'entreprise. Les agents des centres d'appels ont besoin d'avoir la même
interface que l'internaute. Cela peut être fait sur la base des technologies
propres à Internet, mais déclinées différemment pour les centres de contacts.
Elles serviront de passerelle pour un travail collaboratif, en interaction
directe, permettant d'assister l'internaute. Là où coexistent aujourd'hui
plusieurs outils d'origine différente, une telle application permettra de les
remplacer par une seule, avec un avantage évident dans l'homogénéité des canaux
d'accès.