ASP : tester le Web call center à moindre coût
Pourquoi acquérir un système de Web call center, quand on peut en tester les fonctions en les louant à un prestataire ? C'est ce raisonnement qui conduit de plus en plus d'entreprises à s'intéresser à l'ASP, même si les grands comptes restent frileux vis-à-vis de cette démarche.
«Le marché est plutôt bon. Il y a eu un tassement après le 11 septembre, et
le ralentissement de l'économie. Mais l'arrivée du haut débit a entraîné plus
de maturité de la part des internautes, ça va repartir. Les choix se font de
manière rationnelle. Le discours sur le retour sur investissement est plus
ferme », argumente Jérôme Callec directeur associé de Linkeo, prestataire d'une
solution de Web call center en mode ASP. Pour cet éditeur, les entreprises qui
veulent s'équiper en Web call center ont le choix entre une plate-forme
multimédia avec module intégré dans le progiciel de CRM, ou une solution ASP.
Pour son directeur associé, Linkeo représente « une alternative pragmatique et
réaliste. Cela permet de transformer son centre d'appels en Web call center
sans remettre en question l'existant, et pour des coûts faibles ». En effet, à
l'achat, une solution complète vaudrait de 76 220 à 304 898 euros selon Linkeo,
alors qu'en ASP, ces coûts seraient inférieurs à 15 240 euros. « Il faut
compter seulement 1 524 euros pour le bouton de call back », affirme Jérôme
Callec. Le prestataire annonce plus de 100 clients, dont Hewlett Packard,
Xerox, la Société Générale ou le Crédit Agricole : « Ils peuvent tester
l'intérêt de l'assistance humaine sans trop dépenser », explique le directeur
associé. La solution proposée comporte le call back, le travail collaboratif,
l'e-mail management et le CRM en ligne. Pour Linkeo, il existe trois types de
projets de Web call center. D'abord : faire évoluer le centre d'appels vers le
centre de contacts multimédia, en rajoutant simplement un module de call back.
Dans ce cas, il n'y aurait pas de raison d'acheter une plate-forme matérielle
ou logicielle. Ensuite : des développements plus spécifiques pour l'e-mail
management ou le e-learning. Enfin : le montage d'un call center avec CRM en
ligne et gestion de contacts multicanal. Chez Linkeo, un Web call center coûte
1 500 euros pour trente agents, plus 150 à 300 euros par mois. Si on ajoute le
module chat, il faut compter 50 euros de plus par mois et par agent. Pour du
cobrowsing et du push de pages, le prix sera de 1 500 à 8 000 euros. Enfin,
l'e-mail coûte 2 000 à 5 000 euros plus 100 euros par mois et par agent.
UNE ALTERNATIVE AUX PLATES-FORMES MATÉRIELLES ET LOGICIELLES
Autre prestataire de ce type : Helitis. Après avoir
essayé de promouvoir un modèle mixte (fournisseur de technologie et de moyens
humains), Helitis se recentre sur l'édition de logiciels de centres de contacts
multicanal : « Nous arrêtons l'outsourcing. Nous n'avons jamais su gérer cette
activité. Nous sommes en train de céder cette activité », détaille Raynald
Wauters, P-dg. La société propose donc une offre de centre de contacts en ASP,
avec routage de mails, chat, call back, VoIP. Plus, un outil de prédictive
dialing et d'émission de mails. Cette dernière fonction est limitée en volume,
jusqu'à deux mille mails/jour. Le cobrowsing, qualifié par Helitis de « non
intrusif », est fondé sur une technologie WebEx, via un serveur tierce. La base
de données, Hyperfile (PC Soft) ou Oracle, est intégrée. La "boîte noire"
Helitis est connectée à la base clients de manière dynamique, mais sans
modification de l'applicatif. « Notre système est paramétrable, indépendant de
l'application client, et permet de tracer les interactions du centre de
contacts », explique le patron d'Helitis. Géré par télémaintenance, ce « centre
de contacts multicanal à faible prix » (304 euros par mois et par position)
selon la formule de Raynald Wauters, est une alternative aux plates-formes
matérielles et logicielles des fabricants et éditeurs de téléphonie. Néanmoins,
malgré ses atouts (faible coût, mise à jour et maintenance à distance), l'ASP a
toujours du mal à passer dans les grands comptes, qui préfèrent investir dans
des outils qu'ils peuvent intégrer à leurs autres systèmes informatiques (ERP,
base de données, CRM). Les fournisseurs de technologie tentent de les
convaincre, à l'exemple de NetCentrex : « On pousse à l'utilisation de ce
système, comme chez France Télécom avec Click to Contact. » Cet éditeur équipe
également le prestataire Helitis, qui utilise MyCall Web pour la fonction call
back. De leur côté, les intégrateurs sont partagés sur cette technique de
sous-traitance. Ainsi Dimension Data, intégrateur d'origine sud-africaine : «
L'ASP comme business model, non. Mais comme modèle de politique d'intégration,
oui. En interne, un groupe peut installer des serveurs d'applications
multiservices pour ses propres départements. Dans ce cas, il peut sous-traiter
de la bande passante en architecture ASP. La technologie, le client s'en moque
! Ses objectifs sont commerciaux et marketing, il veut se différencier par le
service qu'il donne à ses consommateurs », estime Jean-Marc Pajot, directeur
Europe Centrale de la division interactive.
ATTENTION À L'INTÉGRATION AVEC LE CRM
Olivier Savouret, responsable CRM chez
Valoris, analyse ainsi l'ASP : « Le paiement à l'usage, c'est bien pour tester
le système. Mais attention à l'intégration avec la base de données clients ou
le progiciel de CRM. » Pour Gregory Wintreberg, directeur de projet chez
Siticom, conseil et intégrateur, l'ASP est proposé par une poignée de
prestataires, dont Web Help, Frontcall, Linkeo et Helitis. En juin devraient
arriver les offres de France Télécom (Click to Talk) et WorldCom. Ce cabinet
estime que 90 % de ses chantiers sont en mode ASP. « Avant d'investir 150 000
euros dans une plate-forme, les clients préfèrent tester ce mode locatif pour
un coût bien moindre, de l'ordre de 1 500 euros par mois », estime Gregory
Wintreberg. Le Web call center en mode ASP constitue donc une alternative
intéressante pour les entreprises du mid market, désireuses de tester ces
outils sans engager d'investissements démesurés. Pour le cabinet d'études Ovum,
les revenus de ce type de sous-traitance pourraient atteindre 49 milliards de
dollars (55,66 milliards d'euros) d'ici 2006. Bien placés pour récupérer cette
manne, les opérateurs télécoms. Pour Ovum, « les opérateurs arrivent sur le
marché à la fois comme prestataire de services aux ASP, et comme fournisseur
direct aux consommateurs ». Et d'ajouter : « En fait, les opérateurs télécoms
prennent un plus grand risque en n'offrant pas ce service d'ASP qu'en le
proposant. » En France, l'arrivée de France Télécom sur ce marché en expansion
confirme cette analyse.