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A la recherche désespérée des bacs + 2

Le "bac + 2" fait figure de profil type dans les campagnes de recrutement. Du type au stéréotype, le pas est franchi.

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Rares sont les entreprises capables de définir avec exactitude le profil du poste demandé. « On n'en finit plus avec des bacs + 2 ou des BTS action commerciale. Les arguments avancés sont toujours les mêmes. On leur demande d'être dynamiques, de savoir travailler sous pression, et d'intégrer l'esprit d'équipe », assure Jean-Marc Farini (consultant). Autant de qualités génériques qui n'identifient pas les aptitudes spécifiques requises. Celles-ci se révélant très souvent a posteriori, lorsque le salarié est déjà en poste. « Leur déconvenue explique aussi une part du turn-over », ajoute-t-il. « On peut certes identifier ce niveau comme une sorte de minimum vital requis en matière de culture générale, d'aisance discursive ou de facilité logique. Mais on se prive ainsi d'une population qui possède, précisément, la "gniack" nécessaire pour vendre au téléphone », dixit David Herz, directeur conseil chez HR Gardens (Havas Advertising), cabinet de communication en recrutement. Alors pourquoi et toujours des bacs + 2 ? Une réponse : phantasme du client qui se sent ainsi sécurisé. S'ajoutent à cela les fameuses demandes "BBR" (pour Bleu, Blanc, Rouge). En clair, la volonté de ne pas recruter ces "sauvageons" dont on craint, au mieux, l'accent traînant des banlieues ; au pire, la violence. « Le développement des centres d'appels en province trouve aussi sa justification dans la recherche, de la part des employeurs, de populations plus dociles », ironise Jean-Marc Farini. Katia Delmas, chef de marché télé-Web Services chez Adia, constate, elle aussi, des demandes mal ciblées. « Nos clients nous demandent toujours un profil stéréotypé qui, la plupart du temps, ne correspond pas aux exigences du terrain. » D'où, chez ce spécialiste de l'intérim, la réalisation d'une expertise préliminaire des besoins de la société qui s'apprête à faire appel à ses services. Un moyen pour ce groupe, qui possède en France 28 agences spécialisées sur le secteur des centres d'appels, de connaître avec exactitude la réalité du terrain et de mieux décrypter, derrière les profils convenus, les besoins réels de ses clients.

Muriel Rozelier

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