« Tout seul, le CRM ne fait rien »
Qu'implique, pour Pivotal, le rapprochement avec Talisma ?
Cela n'implique que du "plus". Pour la bonne et simple raison
que nous sommes très complémentaires. Talisma est très présent aux USA et en
Inde au travers de leur R&D avec 170 développeurs. Nous avons également une
équipe de développeurs en Inde. Nous les réunirons et disposerons de quelque
400 personnes en R&D. Le nom Talisma va disparaître. L'ensemble deviendra
Pivotal Corporation.
Et pour votre solution CRM Pivotal 5 ?
Cela n'implique rien. Nos deux technologies sont basées sur
Microsoft .Net. Ce qui les rend facilement compatibles. Les solutions de
Talisma sont très complémentaires de celles de Pivotal puisqu'elles sont sur la
partie e-services. Nous allons intégrer dans Pivotal 5 les modules Talisma.
C'est-à-dire la solution e-services et la partie centres de contacts multimédia
avec la file d'attente universelle.
Vous serez alors plus performant sur le marché des centres d'appels ?
Nous allons
bénéficier de l'expérience de Talisma sur ce marché. Jusqu'ici, nous n'étions
pas assez pro-actif sur ce segment, car nous avions beaucoup de demandes
concernant la vente ou le marketing. En France, par exemple, c'est tout
bénéfice. Talisma n'était pas présent dans l'Hexagone. Du coup, nous allons
renforcer nos équipes françaises pour nous positionner. Nous étudions également
la possibilité de proposer une offre packagée pour centres d'appels avec
Alcatel et NextiraOne.
Comment l'année 2003 se présente-t-elle pour Pivotal en France ?
Nous avons une année fiscale décalée. Malgré
un contexte difficile, cette année a été excellente. Nous avons fait plus 20 %
de ventes de licences de juin 2002 à juillet 2003. Nous avons signé plus d'une
douzaine de nouveaux clients. Aujourd'hui, en France, nous sommes leader sur
l'activité services aux entreprises avec des clients comme Sodhexo, Accor et
Elior. En nombre de projets, je pense que nous occupons cette année la première
place. L'année dernière avait déjà été excellente puisque nous avions réalisé
50 % de croissance. Nous sortons notre épingle du jeu.
Quelle est votre stratégie pour adresser le marché ?
Nous restons un éditeur
de logiciels. Notre objectif est de développer et mettre en œuvre des
technologies. Il est aussi de remonter les attentes du client à la R&D pour
enrichir nos fonctionnalités. Aujourd'hui, il y a des moyens de rendre les
technologies beaucoup plus intuitives, interactives et intelligentes. L'enjeu
est là. La course aux fonctionnalités est terminée. Pour moi, il est
indispensable de rendre les produits faciles à utiliser et efficaces pour les
utilisateurs. Pour le déploiement, nous travaillons avec des intégrateurs (Cap
Gemini, IBM Global Services, Humanis, Atos) qui acceptent notre méthodologie de
travail. Nous souhaitons des intégrateurs faisant preuve de souplesse.
C'est-à-dire qu'ils puissent, dans le courant d'un projet, apporter une
modification sans forcément envoyer un avenant au client.
Dans votre livre blanc* sur le CRM, vous écrivez : “Le CRM est un achat de résultats”. Comment cela ?
L'outil CRM doit, au final, apporter un
résultat quantifiable et mesurable. Il doit contribuer, dans une part plus ou
moins importante, à l'avantage concurrentiel de l'entreprise. S'il ne l'atteint
pas, alors il a échoué. L'objectif du CRM, c'est l'avantage concurrentiel. Ce
n'est pas faire plaisir à la direction générale. C'est aussi créer un avantage
concurrentiel, c'est ça le résultat final. Je pense que la stratégie est une
extension de l'avantage concurrentiel que l'on souhaite avoir.
Vous semblez dire que l'outil n'est pas le principal vecteur pour obtenir ce résultat ?
Il faut une réflexion stratégique en amont, qui analyse
les conditions du marché, la culture et le savoir-faire de l'entreprise, celui
des hommes… Si ce diagnostic n'est pas clair, alors il ne sera pas bien
transcrit par la technologie. Tout seul, le CRM ne fait rien. Si tout ce
travail-là n'est pas fait, le ROI ne sera alors pas très important. On verra
des projets où, par exemple, il y aura une meilleure quantité de données sur le
client, mais il n'y aura pas d'aspect relationnel, stratégique et d'avantage
concurrentiel concret. Sans avantage concurrentiel, l'entreprise ne survit pas.
Pivotal
Le 8 octobre dernier Pivotal a été racheté par Oak Investment, un capital risque anglo-saxon. L'éditeur canadien fusionne avec Talisma, une société américaine proposant des solutions multicanal. Ces dernières seront intégrées à la suite CRM Pivotal 5. Créée en 1994, Pivotal a réalisé un chiffre d'affaires 2001-2002 de 70 millions d'euros pour 430 personnes. En France, elle comptait avant son rachat 17 personnes et plus d'une centaine de références. Avec son nouveau périmètre, la société vise le leadership mondial du CRM sur le marché du mid market.