« Le marché demande une alternative crédible à Siebel »
Avec le module CRM, l'éditeur californien achève le lancement de sa solution 100 % Internet, PeopleSoft 8, entrepris en septembre 2000. Disponible depuis la fin du mois de juin, PeopleSoft 8 CRM s'adresse en priorité aux grands comptes. Pour le vice-président des opérations internationales, cette solution est « en phase avec le marché ».
Il a fallu deux ans et quelque 500 millions de dollars pour développer PeopleSoft 8, que vous présentez comme une solution "next generation". Sur quoi s'est basée votre réflexion ?
A une époque,
quand vous faisiez du sales forces automation, du services automation, du call
center..., les cibles étaient clairement définies par les éditeurs, de même que
les utilisateurs. Aujourd'hui, nous avons compris que le software doit être
réapproprié par l'utilisateur. Ce qui implique un changement profond
d'architecture. Il ne s'agit plus de gérer 1 000 ou 3 000 utilisateurs..., mais
d'assurer la formation, le support, la pérennité des systèmes. Avec un volume
d'utilisateurs conséquent, le produit doit pouvoir s'utiliser de façon
intuitive en s'orientant vers le "Pure Internet". Il y a un autre élément
important, c'est celui de la performance. Lorsque vous désirez mettre une
réelle architecture CRM en place, celle-ci doit être connectée à un très grand
nombre de systèmes au rang desquels nous retrouvons, par exemple, le
back-office. La fiabilité du système est ici primordiale. Seule une
organisation centrée sur le client peut assurer la bonne marche du système.
C'est ce que nous appelons "next generation", en intégrant la notion de "Pure
Internet".
Lancée dans une première version en septembre 2000 en France, PeopleSoft 8 CRM a-t-elle trouvé écho sur le marché ?
Avant même son lancement officiel (au mois de juin 2001, ndlr), nous avions
déjà délivré plus de 1 600 copies de PeopleSoft 8 à 5 000 clients à travers le
monde. Actuellement, presque 10 % de notre base installée a déjà acquis notre
nouvelle solution. Nous avons en France environ 60 clients en environnement
Vantive qui devraient intégrer PeopleSoft 8 CRM. Il va nous falloir un peu de
temps pour faire migrer notre base entière. Non pas parce que notre technologie
n'est pas prête ! Mais, pour un client, passer d'une architecture
client-serveur à une architecture Internet, c'est un changement majeur. La
question est : "Comment et - surtout - quand je le fais ?". Nous misons sur une
très forte demande d'ici la fin de cette année et dans le courant de l'année
prochaine.
Comment réagit-on chez PeopleSoft au ralentissement de l'économie américaine ?
En ce qui nous concerne, nous avons eu de
très bons résultats (503 millions de dollars de chiffre d'affaires au 1er
trimestre 2001, ndlr), au-dessus de ceux du marché. Maintenant, il est vrai
qu'il existe un ralentissement économique aux Etats-Unis. Certains se demandant
s'il va atteindre l'Europe. Nous, nous ne le ressentons pas encore. Néanmoins,
certaines affaires prennent plus de temps et la concurrence devient plus
active. Mais nos projets augmentent de façon significative partout dans le
monde.
Et comment l'expliquez-vous ?
Je crois tout
simplement que, d'une certaine façon, PeopleSoft fait partie de la réponse. De
nombreuses sociétés sont obligées de mettre en oeuvre de nouvelles
architectures centrées sur leurs clients, leur back-office ou encore leurs
employés. L'unique façon pour ces entreprises d'y parvenir, c'est de regarder
vers Internet. De fait, nous nous positionnons de plus en plus autour
d'Internet et des technologies multimédias. Cela nous permet de faire croître
notre business de manière conséquente.
Que répondez-vous à Thomas Siebel, quand celui-ci déclare : « Aujourd'hui, nous n'avons aucun véritable concurrent » ?
Il est vrai que Siebel a surfé sur la vague CRM
avec beaucoup de succès. Ils sont devenus leaders en parts de marché assez
rapidement. Aujourd'hui, la donne est en train de changer. Le sujet n'est plus
de mettre en oeuvre un système centré sur les ventes, mais sur les clients. Du
coup, la problématique d'intégration du système CRM avec le back-office devient
essentielle. Aujourd'hui, nous basculons d'un monde à un autre (du CRM au
e-CRM, ndlr) en utilisant des produits très différents, mais essentiels pour
mettre en oeuvre une solution intégrée construite autour du client. Les enjeux
et les compétences ne sont plus les mêmes. C'est là que nous nous positionnons.
C'est pour cela que la donne est différente et que la démarche monopolistique,
pour ne pas dire arrogante, de Siebel ne perdurera pas. Les clients, les
partenaires, les compétiteurs ne l'acceptent plus. Tous demandent une
alternative crédible à Siebel. Il ne peut y avoir, sur un marché en expansion
aussi rapide, qu'un acteur dominant unique.