Aucun éditeur n'est en mesure de développer une solution complète
Quels sont aujourd'hui les axes de développement de Genesys ?
Jusqu'à présent, les PME n'ont quasiment pas eu accès au marché
des centres d'appels. Or, d'après les analystes, elles constituent la frange de
marché où nous avons le potentiel de croissance le plus fort. Mais l'une des
conditions du succès sera notre capacité à former les utilisateurs. Nous sommes
en train d'investir massivement dans les centres de formation. Aujourd'hui, il
y a entre 350 000 et 400 000 utilisateurs de logiciels Genesys de par le monde.
Malgré cela, très objectivement, le fait que nous n'ayons pas toujours été
capables de former assez rapidement nos clients a constitué l'un des freins à
notre croissance. La demande de formation explose et il est vrai que nous avons
parfois du mal à suivre.
Mais, pour une PME, le problème du CRM ne reste-t-il pas celui du coût ?
Le coût des logiciels est au final
assez relatif. Le problème est davantage un problème de compétences. Quoi que
l'on fasse avec le CRM, l'entreprise devra toujours dédier trois, quatre ou
cinq personnes : un administrateur bases de données, un administrateur
télécoms, un gestionnaire des application... Bref, c'est un investissement que
les PME ne peuvent que rarement supporter. L'une des réponses est sans doute
dans les ASP. On en voit déjà préparer des produits ciblant très précisément la
tranche des 20 à 30 positions, ce qui peut correspondre au service commercial
d'une PME de quelques centaines de personnes. Avec des systèmes de facturation
adaptés aux petites entreprises, notamment une rémunération à la transaction,
c'est-à-dire au nombre de contacts, exactement comme le font les opérateurs
télécoms. Ce qui signifie pour l'entreprise des frais de mise oeuvre
extrêmement réduits et le paiement à la consommation.
Et pour les entreprises qui souhaitent garder leurs données chez elles ?
Pour
celles-là, il faut proposer des offres packagées, déployables rapidement, avec
des fonctionnalités limitées, en réduisant le nombre des combinaisons
possibles. Il nous faut pouvoir dire aux PME : cette solution marche avec telle
infrastructure télécoms et pas une autre, tel PABX et pas un autre ; elle
comporte telle procédure d'allocation des appels et des e-mails et pas une
autre. Nous allons lancer des offres dans ce sens en Europe dans les mois qui
viennent. Nous travaillerons en distribution indirecte. Je pense que nous
sommes ici plus proche d'une logique de distribution que d'intégration.
Pour ce qui est des grands comptes, que pensez-vous des offres globales ou prétendues telles en matière de CRM ?
Soyons honnêtes
: aucun éditeur aujourd'hui n'est en mesure de développer une solution
complète. On pourrait imaginer que cela puisse se faire un jour par le jeu des
rachats et des fusions. A cet égard, le cas Oracle/Versatility est intéressant.
Je ne suis pas certain qu'Oracle en ait tiré tout le parti qu'il espérait du
rachat. On voit peu de centres d'appels Versatility vendus par Oracle. Mais il
faut bien comprendre que, sur ce marché global du CRM, les compétences requises
ne sont pas les mêmes et que les cycles également sont différents. Nous ne
prétendons pas faire ce que fait Siebel, et Siebel ne peut pas prétendre faire
ce que nous faisons. La solution, c'est de faire en sorte que l'intégration
entre nos offres respectives soit la plus simple et la plus complète possible.
Complète, c'est-à-dire allant du front-office - avec des applications de type
Siebel, Clarify, Vantive ou Oracle - au back-office avec intégration workflow,
en passant par le centre de contact lui-même. Pouvoir gérer un contact client
de bout en bout, passer des données de Siebel à SAP via le centre d'appels,
voilà ce à quoi il faut s'atteler. Nous allons travailler de manière étroite
avec des intégrateurs et former leurs équipes à ce type de nouvelles offres.
Plus concrètement, qu'êtes-vous aujourd'hui en mesure de proposer aux entreprises ?
Je peux citer notre partenariat avec
Broadvision, qui construit des profils d'internautes. Imaginons un internaute
se baladant sur un site et cliquant sur une icône "assistance". Selon son
profil Broadvision, le système va sélectionner le canal de contact le plus
approprié. Si l'internaute est reconnu comme un client à fort potentiel, il
sera appelé, sinon, on privilégiera par exemple l'e-mail. Et en fonction de ce
qu'il cliquera sur le site, on l'enverra sur le bon agent. A l'inverse, s'il
appelle le centre de contact pour poser des questions sur un produit X, le
système le signalera à Broadvision qui enverra un bon de promotion sur ledit
produit lorsque le client ira sur le site. Là, on entre vraiment dans du CRM à
forte valeur ajoutée. Et à ma connaissance, ça n'a encore jamais été fait.
Genesys
Créé en 1990 à San Francisco, filiale d'Alcatel à 100 % depuis septembre 2000, Genesys Telecommunications Laboratories est leader sur le marché du couplage téléphonie informatique (CTI). L'éditeur, qui emploie 1 200 personnes et revendique plus de 800 clients dans le monde, a réalisé en 1999 un chiffre d'affaires de 139 millions de dollars et prévoit pour l'exercice 2000 une progression de 64 %. 50 % de l'activité se fait sur les Etats-Unis, 30 % en Europe et le reste entre l'Asie et l'Amérique Latine. Genesys France annonce, de son côté, un chiffre d'affaires 2000 de 68 MF pour une base installée de 90 clients.