“Arrêté Sarkozy” : quatre articles et pas d'unanimité
Les téléopérateurs de Tunisie, du Maroc, du Sénégal ou encore de La
Courneuve devront-ils d'ici peu indiquer aux personnes contactant les centres
d'appels, leur lieu de travail ? “Bonjour, Rachida à Casablanca”, “Hélène, à La
Rochelle”… Si rien n'est encore gravé dans le marbre, le texte du projet
d'arrêté - baptisé “arrêté Sarkozy” - relatif à l'information des consommateurs
sur la localisation géographique des centres d'appels téléphoniques et ses
quatre articles sont actuellement en cours de consultation par le Conseil
national de la Consommation.
Les articles
Voici les
quatre articles en question, tels qu'ils ont été soumis au Conseil : • Article
1er : Tout fournisseur de biens ou de services qui utilise les services d'un
centre d'appels pour émettre ou recevoir des communications téléphoniques est
tenu d'informer ses correspondants de la localisation géographique de ce centre
d'appels. • Article 2 : Cette information doit être délivrée en début de
communication et figurer sur tous les documents commerciaux et publicitaires
mentionnant les coordonnées du centre d'appels. Si l'entreprise a recours à des
centres multiples et géographiquement distincts pouvant être joints soit par un
seul numéro d'appel, soit par plusieurs numéros, leurs liste doit figurer sur
tous les documents mentionnant ces numéros. • Article 3 : Constitue un centre
d'appels au sens du présent arrêté tout service téléphonique mettant en
relation deux personnes physiques et fournissant notamment des informations de
toute nature, une assistance téléphonique ou assurant un service de vente à
distance. • Article 4 : Le directeur général de la Concurrence, de la
consommation et de la répression des fraudes est chargé de l'exécution du
présent arrêté, qui sera publié au Journal Officiel de la République
française.
La polémique
A l'annonce de ce projet
d'arrêté, l'unanimité parmi les acteurs de la profession est loin d'être au
rendez-vous. Qualifié de contestable et discriminatoire par les uns (dont le
mouvement Ethic), et de positif pour préserver l'activité en France par les
autres, ce projet de texte a mis en ébullition le monde des centres d'appels.
Et pour cause. Le marché français tend à se concentrer autour d'acteurs
principaux qui disposent tous de leurs centres à l'off-shore, à l'instar de ce
que pratiquent déjà les français SR Teleperformance et b2s, ou l'allemand
arvato services. Pour être applicables, les articles doivent encore être
validés et publiés au Journal Officiel. Parallèlement à ce projet d'arrêté,
lancé à l'initiative du ministère de l'Economie et des Finances, les principaux
outsourceurs français ont également été consultés, début octobre, par le
ministère des Affaires sociales, afin de mettre en place des actions destinées
à “libérer les énergies” de la profession… dans l'Hexagone. L'AFRC, Association
française des centres de relation clientèle, annonçant, dans la foulée, la
création d'un comité de réflexion chargé de présenter des propositions au
ministre des Affaires sociales.